Alors que l’Assemblée Nationale a adopté dimanche 27 mai 2018 un amendement obligeant les restaurants et les débits de boissons à consommer sur place à mettre gratuitement à la disposition de leurs clients des doggy bags à compter du 1er janvier 2021, les restaurateurs et cafetiers expriment leur vif mécontentement.
S’ils reconnaissent l’utilité des doggy bags dans certains établissements, ils en refusent la généralisation forcée considérant qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.
Pour le GNI, le Groupement National des Indépendants de l’hôtellerie et de la restauration, cette « mesurette » est totalement déconnectée de la réalité, irréfléchie et contre-productive.
Pour les restaurateurs et cafetiers, le doggy bag n’est ni une expression ni une pratique française.
La raison tient à la nature même de la prestation de restauration en France. Les restaurateurs français ne pratiquent ni les buffets à volonté ni les plats taille XXL qui sont des gouffres à gaspillage alimentaire.
Laurent Frechet, Président des restaurateurs du GNI explique : « Nos professionnels servent des plats avec la juste quantité de nourriture, celle qui correspond aux besoins en nutrition quotidiens de nos clients. Il n’y a presque jamais de restes dans les assiettes de nos clients. Et si parfois cela arrive, nous leur proposons alors nous même d’emporter ce qu’ils n’ont pas pu consommer (comme par exemple dans les pizzerias et cela sans obligation réglementaire ou pire légale).
Il n’est donc pas, selon nous, nécessaire de voter une loi pour cela et d’imposer une nouvelle obligation non sans incidences environnementales et financières pour nos professionnels. »
Selon le GNI de l’Hôtellerie & de la Restauration, les doggy bags ne sont pas la meilleure réponse au gaspillage alimentaire.
Et pour cause, si le secteur de la restauration traditionnelle est responsable de la production de 10 millions de tonnes de biodéchets par an, l’essentiel de ces pertes intervient en amont du repas des clients lors de la préparation des plats. Il s’agit de l’épluchage des légumes et fruits, de la préparation des viandes et poissons, des fruits de mer…
Ces pertes représentent entre 75 et 80% de ce total.
Le gaspillage à proprement parler se limite, en effet, aux retours d’assiettes des clients (et encore, déduction faites des retours liés à des problèmes de cuisson ou à des erreurs de de commande qui ne sont pas susceptibles d’être réglés par un doggy bag).
Au regard des millions de plats servis dans la restauration commerciale traditionnelle, le gaspillage alimentaire dans les restaurants et les débits de boissons représente moins de 27 centimes d’euros par plat. Or un doggy bag coûte entre 25 et 70 centimes d’euro pièce !
A ces considérations évidentes dont les députés ont fait fi, viennent s’ajouter les coûts de fabrication, de manutention et enfin d’élimination de ces doggy bag. Des opérations qui ne sont pas neutres pour l’environnement et que les parlementaires ont manifestement omis d’intégrer à leur raisonnement.
Selon le GNI, cet amendement, dont l’objectif affiché était de lutter contre le gaspillage, organisera en réalité un gaspillage encore plus vaste, car à l’évidence et si tant est que nos professionnels puissent s’approvisionner (ce qui est très incertain en raison de la dernière faillite du fournisseur leader sur le marché français), ces doggy bags ne seront pas utilisés.
En voulant lutter contre le gaspillage alimentaire, la généralisation forcée des doggy bags risque de provoquer un gaspillage encore plus important ! Un gaspillage couteux pour nos professionnels.
En revanche, les restaurateurs et les débitants de boissons veulent travailler sur de vraies mesures qui permettant de valoriser efficacement les millions de tonnes de biodéchets produits par notre secteur chaque année en s’engageant dans une démarche vertueuse de tri, collecte et valorisation de leurs biodéchets.
Enfin, les restaurateurs et débitants de boissons sont en colère car force est de constater qu’ils n’ont jamais été sollicité au sujet de cet amendement. Ni les députés ni le gouvernement ne leur ont demandé leur avis.
Et Laurent Frechet de conclure : « Nos professionnels sont d’autant plus en colère, qu’ils voient dans cet amendement une nouvelle charge pour eux alors qu’ils assistent au développement d’une offre incontrôlée et clandestine de restauration à domicile organisée par des plateformes numériques. C’est inadmissible. Il est hors de question pour nous d’accepter une seule nouvelle obligation tant qu’il ne sera pas mis un terme à la concurrence déloyale et dangereuse des restaurants à domicile clandestins. »
GNI de l’Hôtellerie & de la Restauration
Le GNI est la seule Organisation Professionnelle indépendante au service des hôtels, cafés, restaurants, traiteurs organisateurs de réception et établissements de nuit indépendants et patrimoniaux. Didier Chenet est président du GNI-SYNHORCAT et du GNI, Pascal Droux, président du GNI-FAGIHT est président délégué du GNI, Philippe Quintana, président du GNI-CDT est également président délégué du GNI.
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