Alors que la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée Nationale vient de retirer l’amendement parlementaire au projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable prévoyant de rendre obligatoire la mise à disposition gracieuse de doggy bags dans leurs restaurants, les restaurateurs et cafetiers saluent la sagesse des parlementaires.
Cet amendement prévoyait que « les restaurants et les débits de boissons à consommer sur place mettent gratuitement à la disposition de leurs clients des contenants réutilisables ou recyclables permettant d’emporter les aliments ou boissons non consommés sur place ».
Pour le GNI, le Groupement National des Indépendants de l’Hôtellerie & de la Restauration, et ses milliers de restaurants, brasseries et cafés qui s’opposaient à cette mesure, celle-ci était inutile, déconnectée de la réalité et même contreproductive.
Inutile et déconnectée de la réalité car l’usage de doggy bags ne prend pas en France pour une raison tenant à la nature même de la restauration en France. Les restaurateurs et cafetiers français ne pratiquent ni les buffets à volonté ni les plats tailles XXL qui sont des gouffres à gaspillage alimentaire.
Les restaurateurs servent des plats avec la juste quantité de nourriture, celle qui correspond aux besoins en nutrition quotidiens des clients. Il n’y a presque jamais de restes dans les assiettes des clients. Et si parfois cela arrive, les restaurateurs proposent alors eux-mêmes aux clients d’emporter ce qu’ils n’ont pas pu consommer.
Pour le GNI et son Président Didier Chenet, « Il n’était pas nécessaire de voter une loi pour cela et d’imposer une nouvelle obligation avec une incidence financière évidente pour les professionnels qui devaient les acheter ».
Contreproductive aussi car si le secteur de la restauration traditionnelle est responsable de la production de 10 millions de tonnes de biodéchets par an, l’essentiel de ces pertes intervient en amont du repas des clients lors de la préparation des plats. Il s’agit de l’épluchage des légumes et fruits, de la préparation des viandes et poissons, des fruits de mer…Ces pertes représentent entre 75 et 80% de ce total.
Le gaspillage à proprement parler se limite, dans les faits, aux restes dans les assiettes des clients (et encore, déduction faites des retours liés à des problèmes de cuisson ou à des erreurs de de commande qui ne sont pas susceptibles d’être réglés par un doggy bag).
Au regard des millions de plats servis dans la restauration commerciale traditionnelle, le gaspillage alimentaire dans les restaurants et les débits de boissons représente moins de 27 centimes d’euros par plat. Or un doggy bag coute 20 centimes d’euros pièce.
En outre, la fabrication, la manutention et enfin l’élimination de ces doggy bag n’est pas sans impact sur l’environnement.
Selon Laurent Frechet, Président des restaurateurs du GNI, qui s’est battu contre ce projet, « ce projet de texte dont l’objectif était de lutter contre le gaspillage, allait au contraire organiser un gaspillage encore plus vaste car à l’évidence ces doggy bags n’auraient pas été utilisés. Nous sommes soulagés ! »
Le GNI renouvelle sa proposition de travailler à la création d’une véritable filière de valorisation des biodéchets dans la restauration.
Pour Stéphan Martinez, Président de la Commission Qualité et Développement Durable du GNI, le doggy bag n’est pas la solution. « Nous voulons travailler avec le gouvernement, les députés et sénateurs, les élus locaux, à définir un cadre règlementaire moderne et ambitieux qui incite à la valorisation des biodéchets plutôt qu’à leur incinération ou enfouissement. Les biodéchets sont des matières premières secondaires. Nous savons comment les valoriser, nous devons maintenant le faire. »
Par méthanisation, une tonne de déchets alimentaires permet de générer 100 m³ de biogaz et 900 kg de digestat azoté. Le biogaz peut être directement réinjecté dans le réseau ou transformé en électricité et en chaleur (cogénération).
Par compostage, une tonne de déchets alimentaires permet de produire entre 300 et 500 kg de compost de haute qualité.
Or, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration produit chaque année près de 10 millions de tonnes de biodéchets.
« Nous pouvons imaginer de produire à terme 1 milliard de m³ de biogaz par an correspondant à la consommation annuelle de plus de 3 millions de logements, c’est autre chose comme mesure que les doggy bags ! » conclut Stéphan Martinez.
GNI de l’Hôtellerie & de la Restauration |
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