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Edito de Catherine Quérard | Semaine du 15 juillet 2025

Nous entrons dans la toute dernière séquence de travail gouvernemental avant la pause estivale. Le Parlement est en vacances depuis le 11 juillet, mais dans les ministères, les derniers arbitrages se jouent maintenant, jusqu’à la fin du mois. Pour notre secteur, c’est le moment ou jamais de faire entendre notre voix.

Le Premier ministre a présenté cette semaine les grands équilibres de la prochaine loi de finances : 43,8 milliards d’euros d’économies annoncés pour ramener le déficit à 4,6 % du PIB. Ce plan repose en partie sur les collectivités, les administrations, les ménages… mais aussi, et largement, sur les entreprises.

Nous ne refusons pas de contribuer à l’effort de redressement. Le travail est une valeur que nous défendons. Mais il faut que chacun contribue à hauteur de ce qu’il peut réellement supporter. Dans notre secteur, la durée conventionnelle du travail est déjà de 39 heures par semaine, bien au-delà de la norme. Les entreprises sont ouvertes quand d’autres ferment. Et parmi les mesures prévues, l’une des plus problématiques nous vise directement : la suppression de deux jours fériés dès 2026, notamment le lundi de Pâques et le 8 mai.

Ce ne sont pas des jours « non travaillés » dans l’hôtellerie-restauration. Au contraire. Pour les hôtels, c’est un jour comme les autres. Pour la grande majorité des restaurants, ce sont des journées de forte activité. En moyenne, un restaurant réalise plus de 15 à 20 % de chiffre d’affaires supplémentaire un jour férié qu’un lundi ou mercredi ordinaire. Supprimer ces jours-là, sans adaptation, reviendrait à priver des milliers d’entreprises de recettes vitales, et à remettre en cause l’équilibre économique de nombreux établissements, notamment en zone touristique.

C’est pour cela que nous demandons que le dispositif soit modulé ou adapté aux secteurs déjà ouverts ces jours-là. On ne peut pas demander plus de travail à ceux qui travaillent déjà plus.

C’est dans ce contexte que je prépare activement, avec les équipes du GHR, le Comité interministériel du tourisme (CIT) du 24 juillet à Angers. Ce rendez-vous est rare — seulement sept CIT organisés depuis 2017 — et il tombe au bon moment : juste avant la pause gouvernementale, alors que les arbitrages sont encore possibles.

L’ordre du jour portera largement sur l’emploi. Et nous comptons y faire entendre des propositions concrètes :

- Sécuriser et simplifier le recours au CDDU ;

- Encadrer le statut d’auto-entrepreneur, notamment pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre ;

— Protéger l’usage alimentaire des titres-restaurant, avec un double plafond en cas de pérennisation de l’élargissement des achats.

À ce sujet, j’ai pu m’entretenir longuement hier avec la ministre du Tourisme, Nathalie Delattre, à son retour du Japon. Nous avons partagé nos constats. Elle soutient, comme le cabinet de la ministre du Travail, le principe d’un double plafond pour éviter la banalisation des titres-restaurant. Elle travaille également à des avancées concrètes sur l’emploi dans le secteur, qui pourraient être annoncées lors du CIT.

D’ici là, les rendez-vous s’enchaînent. Mardi, nous verrons le Directeur général du Travail pour finaliser les points à porter au CIT. Le soir, nous rencontrerons la ministre déléguée à la Consommation, à propos de sa réforme des titres-restaurant, que nous refusons en l’état.

Cette mobilisation syndicale n’est pas théorique. Elle est indispensable. Car derrière chaque mesure annoncée, il y a une question simple : notre secteur est-il enfin considéré comme un levier de relance et d’emploi, ou toujours comme une variable d’ajustement ?

Nous sommes prêts à faire notre part. Mais pas à la faire seule.

Le travail continue.

Catherine Quérard,
Présidente du GHR

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