Ce jeudi 22 mai 2025, la publication tant attendue des listes régionales des métiers en tension au Journal Officiel a marqué une avancée significative pour notre secteur.
Et pour cause, les métiers de l’hôtellerie-restauration vont enfin intégrer les listes des métiers en tension.
Il en est ainsi des « employés de l’hôtellerie », c’est à dire les métiers de la réception et des étages dans l’hôtellerie et des cuisiniers qui intègrent les 14 listes régionales des métiers en tension, ou encore des serveurs reconnus « métier en tension » dans 10 régions sur 14.
Depuis 2021, date de la dernière mise à jour de ces listes, le GHR n’a eu de cesse de porter la voix des professionnels de l’hôtellerie-restauration auprès des pouvoirs publics. Je me réjouis que nos alertes aient été entendues et que ce premier pas permette d’ouvrir la voie à des recrutements devenus vitaux.
Il faut dire les choses en effet clairement. Nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée structurelle. Encore en 2025, 336 000 projets de recrutement sont annoncés par France Travail, dont plus de 190 000 emplois saisonniers. Et encore une fois, près de 200 000 postes ne trouveront pas preneurs. La conséquence de cette pénurie de main d’œuvre est connue. Deux professionnels sur trois ont déjà dû refuser des clients faute de personnel. Cette situation n’est plus tenable.
Il faut regarder en face la réalité : le recours aux travailleurs étrangers n’est pas une option, c’est une nécessité.
C’est pourquoi la publication de ces listes est cruciale : elle facilitera la régularisation de certains travailleurs en situation irrégulière, déjà formés et opérationnels, et accélérera l’arrivée de travailleurs étrangers, dont nous avons besoin pour faire vivre nos entreprises.
Je tiens à remercier les équipes du GHR, les professionnels mobilisés et les interlocuteurs institutionnels avec qui nous avons pu dialoguer, souvent avec franchise mais toujours avec le sens de l’intérêt général. Cette publication est le fruit d’un travail collectif, mais elle ne doit pas marquer l’aboutissement de notre mobilisation.
Certes, nous avons été entendus, mais pas totalement.
Certaines absences dans ces listes nous laissent perplexes, voire inquiets. Comment comprendre, par exemple, que le poste de serveur ait été écarté en Île-de-France ou en Auvergne Rhône Alpes quand fin 2024, il y avait plus du double d’offres que de demandeurs d’emploi à Paris ? Comment expliquer que les métiers d’aide et de commis de cuisine sont également écartés à Paris et en Ile de France ?
Je souhaite que ces listes soient régulièrement révisées afin de coller à la réalité des besoins des entreprises.
Maintenant, il faut aussi reconnaitre que le recours aux travailleurs étrangers ne peut pas être la seule solution à notre pénurie de main d’œuvre.
Pour le GHR d’autres solutions existent.
Les demandeurs d’emploi et notamment des personnes très éloignées de l’emploi peuvent rejoindre nos métiers, à la condition de nous en donner les moyens en termes de formation professionnelle. Les outils existent, je pense à la POEC.
Une réflexion devrait également être menée sur l’accès des auto-entrepreneurs au secteur, aujourd’hui interdit, alors qu’ils pourraient représenter une force d’appoint précieuse.
Là encore, les listes des métiers peuvent être une référence, une condition d’accès à une formation ou à d’accès à l’entreprise des auto-entrepreneurs.
Nos entreprises veulent travailler, elles ont besoin de recruter. Donnons-leur les moyens d’agir.
Le travail continue.
Catherine QUÉRARD
Présidente du GHR